La figure du héro dans la vie de Neyliah avait toujours été symbolisée par un profond échec. Vous savez, cet homme fameux grand et fort qui pourrait, comme par miracle, venir vous sauvez en toute circonstance, pourrait effacer vos peurs et vos doutes, pourrait vous faire passer cet énorme torrent, en vous portant à bout de bras, sans jamais ressentir la pression du courant, sans ressentir votre poids, sans jamais faiblir, sans jamais ressentir la peur, la douleur ou même trébucher. Ce fameux super héro capable de déplacer l’énorme montagne qui barre votre route, la soulevant à bout de bras, devant vos yeux ébahis. Vous êtes là, vous le regardez faire, se battre pour vous, enfiler ce haume et cette armure rien que vous, rien que votre honneur, pour votre survie… Cet homme qui pourrait réaliser tous vos rêves, qui pourrait aussi être vos pires cauchemars mais comme, c’est un héro et par ailleurs le votre, il ne deviendra jamais un cauchemar, seulement un doux rêve dont vous ne sortirez jamais. Parce que, oui, le prince charmant doublé du héro peut parfois exister, il faut bien le chercher, ramer, entrer dans sa tanière, lui dire que vous avez terriblement besoin de lui pour vous sauver et là, TADAM ! Il arrive sur son beau cheval blanc, ses yeux émeraudes brillants d’un éclat sauvage, son sourire sexy et aguicheur sortit pour l’occasion, ses cheveux bien peignés et ses muscles saillants parce qu’il a eut la bonne idée de sortir en oubliant sa chemise. Les filles adorent lorsque leurs chevaliers oublient par inadvertance leur chemise…

Malheureusement pour Mademoiselle Spencer, elle avait beau être blonde, jolie, gentille et tout et tout, elle n’avait jamais trouvé son super héro qui détruirait, qui pulvériserait, qui casserait cette foutue montagne de douleur pure qu’est la mort de sa mère et la rancœur familiale qu’elle éprouve. Elle le cherchait, désespéramment, depuis tant d’années déjà… Mais il ne venait pas, il tardait à faire son apparition, ce salop ! Alors Neyliah l’imaginait, le dessinait, ouais ! C’était tout bête à dire mais lorsqu’on s’ennuie dans sa tour de cristal avec rien à faire, et bien on cherche quelque chose pour s’occuper. Certaines princesses passent leur temps à se regarder dans leur miroir, d’autres pleurent leur prince charmant qui avait loupé son train, d’autres encore chantaient comme des casseroles, les dépressives sautaient de la tour en espérant qu’il arrive et les rattrapent comme par miracle, surgissant de l’ombre juste à temps, puis il y avait Neyliah… Seule dans sa tour à la beauté fantomatique, aux courts indistincts, aux courbes faites au crayon à papier, sur fond blanc, sans couleurs, elle dessinait. Elle dessinait le visage de son prince charmant, de son sauveur, de celui qui arriverait d’un moment à l’autre et qui pourrait la sortir de cette torpeur qui l’accablait depuis déjà tellement de décennies, tellement de vies, qu’elle se sentait mourir à chaque inspiration et expiration…

Depuis quelque temps, ce dessin prenait des lignes étranges, des lignes pures, des lignes… rassurantes. Rassurante ? Oui, c’était bien le mot ! Elle la rassuraient parce que depuis quelque temps elle avait oublié ce genre de dessin, elle avait oublié son carnet entièrement remplis de portraits tous plus beaux les uns que les autres… Parce qu’elle avait trouvé la paix, parce qu’elle avait retrouvé cette sérénité qu’elle avait lorsque sa mère était encore dans le monde des vivants, grâce aux gens qui étaient là pour elle ici, à San Diego… Aaron, Quinn, Kennedy, sa meilleure amie… Ils étaient tous là pour lui arracher ce carnet des mains et l’envoyer tout droit à la mer, ils l’avait sortie de sa tour et lui avaient montré la vie, la vraie vie ! Ils l’avaient sauvée et maintenant elle était une fille qui s’amusait, faisait la fête, fumait comme un pompier, buvait de la vodka de couleur noire et respirait sans ressentir cette horrible douleur, sauf lorsqu’elle avait trop tiré sur le filtre de sa clope ou alors qu’elle avait trop bu, ce qui arrivait souvent mais dans l’idée, c’était à peut près ça.

En se redressant tout contre Aaron, en plongeant dans ses émeraudes, en l’embrassant, pour la toute première fois, elle avait ressentit la douceur de cette caresse que lui faisait la vie, cette caresse qui lui disait qu’elle était dans les bras de son sauveur, de son « prince charmant », malgré le fait qu’elle trouvait ce terme super gavant et quelque peu dépassé, dans les bras de son héro, rien qu’à elle ! Elle avait son héro ! Il l’avait rattrapée lorsqu’elle avait sauté du haut de sa tour de cristal, il l’avait pris dans ses bras et menée vers des jours meilleurs, et beaucoup plus agréables, soit dites en passant… Agréables parce que la main qu’Aaron remontait vers son omoplates caressait son dos nu et qu’elle adorait cette sensation que lui procurait les caresses d’Aaron par rapport à celle des autres. Ouais, un autre homme lui aurait fait ça, elle serait resté là sans rien dire, sans rien faire, impassible, mais lorsque c’était Aaron qui s’exécutait, là, il y avait quelque chose d’animal et en même temps de tellement doux qu’elle ne pouvait que se mordre la lèvre inférieur avant de remercier le seigneur de lui avoir mis Aaron dans les bras ! Lorsqu’il captura ses lèvres elle se sentit revivre, comme après un long chemin dans le désert, sans boire ni manger, sans ne jamais voir le visage d’un être humain, comme si la musique s’était arrêtée et qu’elle revenait sur terre. Leurs langues se croisèrent et Neyliah ne pu s’empêcher de sourire intérieurement, tellement Aaron avait le don de la faire sienne dés qu’il le voulait, comme si il tenait, seulement lorsqu’il le demandait, les fils qui la tenaient debout et qui la faisaient bouger. Leur baiser était tout ce qu’il y a de plus revigorant, fougueux, vivifiant, prouvant qu’après s’être enlacés pour reprendre contact avec la réalité, ils étaient plus vivants que jamais, plus en forme que jamais. Mais la force et la fougue fit place au manque cruel d’air dans ses poumons et Neyliah du bientôt enfoncer non sans appréhension et sans regret, elle enfonça ses ongles dans la peau de son cou, il s’arrêta de suite, relevant doucement la tête. Ses yeux ne s’ouvrirent que lorsqu’il eut déposé quelques baisers volés sur ses lèvres avec la douceur d’un plume. Elle le regarda quelques instants, scrutant ses yeux verts et sourit tendrement en passant une main sur sa joue qui roula vers ses lèvres où elle passa son pouce avec douceur sur sa lèvre inférieur, qu’est-ce qu’elle l’aimait !

Réellement, sincèrement, elle était attachée à Aaron par un lien beaucoup plus fort qu’un simple amour, une amourette de gamins, non, elle l’aimait, donnerait sa vie pour lui et même plus si elle en avait la possibilité, si on lui offrait la chance pouvoir se faire passer une bague au doigt et de pouvoir le sentir contre elle lorsqu’elle se réveillerait, dans dix ans, entrelacer ses doigts avec les siens et entendre les cris des gamins de l’autre côté de la porte alors qu’elle ne voulait qu’une chose : dormir encore alors que ses bras passent autour de votre taille et que vous sentez son souffle chaud dans votre nuque et son petit gémissement lorsque vous faites mine de vous redressez pour vous faire comprendre qu’il ne veut pas que vous vous leviez, qu’il veut vous garder avec lui pendant encore deux heures histoire de ne pas s’embêter avec les gamins et peut-être essayer d’en faire un autre, qui sait ? C’était tellement déroutant de se dire qu’elle était attachée à Aaron et qu’elle ne savait même pas pourquoi ou comment ce lien s’était formé entres eux. Il était là, elle le savait, le sentait, mais ne pouvait l’expliquer.

La jeune femme se fit embrasser encore une fois avant d’avoir droit au rire magnifique d’Aaron avant qu’il ne lui réponde et lui caresse le dos ce qui fit qu’elle n’écouta même pas la moitié de ce qu’il disait, trop absorbée par le contact entre les doigts d’Aaron et la peau de son dos, elle posa enfin ses mains sur celles de son Don Juan pour l’arrêter et l’écouter entièrement. Elle éclata de rire en levant les yeux au ciel avant de donner une tape dans l’épaule d’Aaron, quel charmeur il faisait !

« La rançon du plaisir ? BOUYA, Aaron tu me plais beaucoup, énormément même ! Tu vas être le seul mec de toute ma vie qui va pouvoir se frayer un chemin dans mon lit plus d’une fois, congratulations ! Monsieur Marshall s’exprime avec un balai dans le cul maintenant ? Hum… Va falloir qu’on change ça, et très, très vite !

Se faire passer les menottes ?! Tu sais que je peux te prendre au mot Aaron ? Fais attention parce qu’il se pourrait que la prochaine fois qu’on voit je puisse porter la tenue de policière sexy et que je puisse te menotter sauvagement quelque part, qui sait ?! Ca pourrait être drôle, vus qu’il va falloir te tenir et que ça, ça va être un vrai challenge si on veut que ça tienne entre toi et moi ! »

La jeune femme haussa un sourcil avec sensualité avant d’embrasser Aaron dans le cou en lui prenant les poignets comme pour le menotter. Ce genre de jeux n’étaient pas les plus pratiqués chez Neyliah mais elle ne devait pas se mentir, jouer avec un jeune homme aussi désirable que le président des Omega n’avait que du bon, vus ce qui venait de se passer entres eux sans l’avoir beaucoup chauffé, elle se demandait vraiment ce qui pourrait arriver entre eux en cas menottage sexy. La plage ? Il fallait prendre le temps de réfléchir mais Neyliah savait ce qui arrivait le plus souvent entre Aaron et elle à la plage : Ils s’endormaient comme des pierres dans les bras l’un de l’autre et, lorsqu’elle se réveillait avant Aaron, elle le regardait toujours dormir en passant doucement sa main sur son torse, des fois sous son t-shirt si il était de bonne humeur. C’était souvent l’endroit où elle retrouvait Aaron dans un état second, à moitié endormit, plein d’une douleur trop refoulée. Alors elle apparaissait et venait se loger dans ses bras, passait un doigt sous son menton et l’obligeait à relever la tête vers elle avant qu’elle le serre un peu plus dans ses bras, caressant doucement ses cheveux. Souvent elle venait dans ses bras et ne disait rien, ne faisait rien. Elle regardait l’eau s’écraser sur la plage, l’écume gicler sous la pression de la vague qui se laissait mourir en épousant le sable fin, et à ce moment précis, fermait doucement le yeux en se pressant un peu plus contre son comparse de toujours. Elle n’eut donc même pas à réfléchir mais alors qu’elle s’apprêtait à répondre, Aaron se redressait déjà sans même l’avoir prévenue, ce qui la surpris, elle n’avait même pas anticipé, comme à son habitude. Aaron s’était fait prévenant et l’avait soutenue le temps qu’il se redresse, elle passa enfin ses bras autour de son cou alors qu’il la pressait de nouveau en lui demandant gentiment ce qu’elle en pensait. Elle fit mine de réfléchir avant de se séparer d’attraper sa cravate, de la passer autour de son cou et de l’attirer contre elle et de lui dire sensuellement.

« Bonne idée Monsieur Marshall ! »



La plage était déserte. Personne à l’horizon. C’est ce que remarqua Neyliah lorsqu’elle se laissa lamentablement tomber sur le sable, exténuée par la course qu’elle venait de faire contre Aaron du toit à la plage. Elle lui avait dit qu’il n’arriverait jamais à arriver avant elle à la plage, il lui avait soutenu le contraire, elle lui avait mis un coup de coude gentil dans le ventre avant de détaller comme un lapin, ou comme une lapine dans son cas. Elle avait courut dans tout le campus, s’était tordue en quatre pour passer le plus vite entre les étudiants éméchés qui allaient se coucher parce qu’ils ne tenaient plus sur leurs deux jambes. Elle avait réussit à prendre une bouteille au passage des mains d’un gars qui l’encourageait parce qu’il avait vus Aaron juste derrière elle. Maintenant elle se laissait tomber comme une merde sur le sable parce qu’elle était morte, elle était épuisée, son cœur battait la chamade alors qu’elle avait l’impression que sa tête alors exploser et que ses poumons ne pourraient jamais se remplir entièrement. Elle allait se laisser mourir ici, avec sa bouteille de… De quoi déjà ? Elle souleva son bras droit avec difficulté et observa le papier autour de la bouteille pour enfin en voir le nom : Bière. La jeune femme se redressa et sourit, elle avait chopé une bonne bouteille au moins, la seule question, la question à cinq mille dollars était : Où était Aaron ?! Elle se tourna vers l’eau et sourit, il n’avait quand même pas pu arriver avant elle et plonger dans l’eau sans elle ? Elle se leva et fronça les sourcils pour le chercher des yeux...

« AARON ! MARSHALL ! T'es partit acheter des menottes ou quoi ?! »